La pole dance : un héritage controversé
- 14 septembre 2025
- Posted by: Stéphanie Durand
- Category: Non classifié(e)

La pole dance est aujourd’hui partout : dans les studios de danse, sur Instagram, dans les compétitions internationales. Elle est devenue mainstream, un mélange de sport, d’art et de performance. Mais derrière cette image actuelle, il ne faut pas oublier son histoire : la pole telle que nous la connaissons est née dans les cabarets et les clubs de striptease.
Avant d’aller plus loin, si vous voulez découvrir l’histoire complète de la discipline et ses influences anciennes, j’ai déjà écrit un article à ce sujet 👉 Lire l’article sur les origines de la pole dance.
Dans celui-ci, nous allons plutôt parler de celles qui ont véritablement façonné la pole moderne : les danseuses foraines et les stripteaseuses, pionnières de ce qui est aujourd’hui une discipline reconnue mais encore controversée.
Les danseuses foraines et l’apparition de la pole dance

Bien avant les studios spécialisés ou les clubs de strip, la pole dance s’est développée dans un cadre populaire et festif : celui des spectacles itinérants.
Les danseuses utilisaient déjà un poteau comme accessoire. Leur objectif : attirer le public, séduire, impressionner. Ces danseuses étaient regroupées dans certaines de ces tentes plutôt réservées aux adultes et étaient peu vêtues.
Ce répertoire gestuel a ensuite migré vers un autre lieu emblématique : les clubs de striptease.
Les strippers, véritables pionnières de la pole dance

Dans les clubs nord-américains et britanniques des années 1950-1970, les stripteaseuses ont transformé la pole en véritable outil de scène.
- Elles inventaient des mouvements inédits.
- Elles repoussaient leurs limites physiques en grimpant, en inversant leur corps, en enchaînant force et sensualité.
- Elles faisaient de la barre un partenaire central, et non plus un simple décor.
Il est important de le dire clairement : ce sont elles qui ont créé la pole dance. Sans elles, il n’y aurait ni studios de pole, ni compétitions internationales, ni tutos en ligne. Elles sont les véritables pionnières de la discipline.
Une discipline stigmatisée à cause de ses origines
Si la pole a mis du temps à être reconnue, c’est parce qu’elle a longtemps été associée exclusivement au striptease et donc au tabou social entourant la sexualité.
- Beaucoup réduisaient (et réduisent encore) la pole à une activité “vulgaire”.
- Les pratiquant·es subissent parfois des jugements lorsqu’ils disent qu’ils font de la pole dance.
- Cette stigmatisation vient directement de son lien avec le monde du striptease.
Pourtant, il faut le rappeler : derrière chaque figure se cache un travail physique comparable à celui d’un athlète. La pole demande force, endurance, souplesse, coordination et créativité.
La démocratisation : quand la pole devient mainstream

À partir des années 1990 et surtout 2000, la pole dance est sortie des clubs pour arriver dans des espaces plus neutres : les studios de danse et de fitness.
- Les compétitions internationales ont structuré la discipline, avec des règles, des figures codifiées et des jurys.
- Les réseaux sociaux ont offert une vitrine mondiale, permettant de montrer la beauté et la technicité de cette danse.
- La diversification des styles (pole sportive, artistique, contemporaine, exotique…) a permis à chacun·e d’y trouver son univers.
C’est ainsi que la pole est devenue mainstream. Mais cette popularité a aussi soulevé une question délicate : comment reconnaître la discipline sans renier son héritage ?
La controverse : faut-il effacer le lien avec le striptease ?
Aujourd’hui encore, la pole dance est au cœur d’un débat. Beaucoup de studios mettent en avant uniquement son aspect fitness ou gymnique, pour gommer son lien avec l’érotisme, la sensualité.
Mais cela pose un problème : effacer cet héritage, c’est invisibiliser les stripteaseuses qui en sont à l’origine.
Or, la pole est née de cette sensualité assumée, de cette liberté d’expression corporelle. Elle ne se réduit pas à des acrobaties : elle est aussi une célébration du corps, du désir et de la féminité.
Reconnaître cet héritage ne dévalorise pas la pole : au contraire, cela lui donne une authenticité et une profondeur uniques.
Il est essentiel que la communauté actuelle de la pole n’oublie pas ses pionnières.
- Ce sont elles qui ont inventé les premières figures (Jamilla, Allegra, Jade..Ces figures portent les noms de leurs créatrices) !
- Ce sont elles qui ont ouvert la voie malgré la stigmatisation.
- Ce sont elles qui ont transformé une barre en instrument de performance et de liberté.
Les honorer, c’est respecter l’histoire de la discipline et assumer sa dualité : sportive et sensuelle.

La pole aujourd’hui : sport, art et empowerment
La force de la pole dance est de réunir plusieurs dimensions :
- Un sport exigeant, qui développe force, gainage et souplesse.
- Un art qui permet la créativité, l’expression de soi.
- Une danse sensuelle qui revendique son héritage et libère le rapport au corps.

Cette pluralité explique son succès et son côté inclusif : la pole est ouverte à toutes et tous, quels que soient l’âge, le genre ou la morphologie.
L’avenir de la pole dance est riche de possibilités. Certaines associations militent pour son intégration aux Jeux Olympiques. Parallèlement, des artistes l’intègrent dans des spectacles contemporains, des shows télévisés, ou encore des performances théâtrales.
Mais quelle que soit la direction que prendra la discipline, une chose reste certaine : la pole ne doit pas oublier d’où elle vient.
ET toi qui me lis, quelle est ta vision ? N’hésite pas à laisser un commentaire 🙂
Stéphanie.